Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Vivement demain

Je suis une histoire

7 Avril 2017 , Rédigé par Marcel Dehem Publié dans #science fiction

 


 

De nombreuse informations se sont, dit-on, perdues suite au grandes émeutes des années 2070 qui ont détruit toutes les structures économiques, financières et abouti finalement à l'écroulement complet de l'ancien monde .

Comme je travaille au service de la Communication, j'ai accès à des données confidentielles que je suis chargé de trier pour censurer celles qui pourraient être néfastes à la bonne santé mentale de la Colonie. Je dispose donc d'un matériel relativement sophistiqué pour récupérer les données numériques encore disponibles.

Un éditorial du début du troisième millénaire signé d'un certain C. Barbier a retenu mon attention dans sa manière d'annoncer presque prophétiquement le règne de la terreur et du repli sur soi. Je vous le livre:

 

«...Mais bientôt, mais demain, si l'on ne sort pas de la crise, si l'on passe de l'angoisse à la désespérance, une foule mettra le feu au palais des politiques et les basculera par la fenêtre, un électorat portera un démagogue au pouvoir, un pays pensera régler ses problèmes par la haine de son voisin, ou le lynchage de ses immigrés. Alors ce sera la terreur ou la guerre. Ou les deux. L'Europe est entre chien et loup, mais le loup gagne du terrain...»

 

L'Express du 6 mars 2013.

 

Mes parents se sont installés dans cette communauté souterraine en 2063, un an avant ma naissance et ont échappé aux plus grandes violences, en participant à la mise au point du programme «Survivant » avec la petite centaine d'ingénieurs et d'intellectuels sélectionnés par le gouvernement de Lotharingie.

La colonie baptisée Donon, creusée dans le grès rouge du massif du même nom compte à présent 880 résidents. Ce nombre est stable depuis deux ans, les décès étant très précisément compensés par les naissances selon des règles de procréation et d'euthanasie extrêmement rigoureuses et connues de tous les membres de la communauté.

Je sais ainsi, qu'étant cette année âgé de 47 ans, je n'ai plus le droit de rentrer dans le programme de paternité mais que je peux compter vivre encore quinze ans en collaborant efficacement à la bonne gestion de la Colonie.

Il y a quelques jours, j'ai fait, comme j'en ai l'habitude une fois par trimestre, une demande de sortie d'une journée pour aller me recueillir sur les lieux où ont vécu mes parents avant les émeutes et j'attends le feu vert du service avec impatience.

Lors de ma précédente sortie, il y a trois mois, je n'ai eu à me servir de mon arme que deux fois, une fois pour disperser une harde de sangliers qui labourait consciencieusement le bas-côté et une autre fois pour faire fuir une dizaine d'hommes et de femmes qui ne levaient pas les bras de manière hostile, mais à la cellule d'entraînement, on nous avait appris à nous méfier de ces gestes amicaux en apparence. Le message était sans équivoque: « Ne vous fiez surtout pas à ce qui pourrait s'apparenter à des signes pacifiques, tirez préventivement sur ces pillards qui n'en veulent qu'à votre matériel et qui n'hésiteront pas à vous tuer»

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article